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166 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. du roi mêlé à quelques épisodes de ce douloureux événement. Un bal avait lieu le soir môme à la Cour ; il ne fut point conlremandé. L'esprit de parti fil arme de toutes ces choses, et l'irritation du parti démocratique contre la royauté y puisa de nouveaux aliments. Bientôt se présenta l'occasion d'y donner cours. Les sociétés secrètes, développées sous l'influence délétère du principe insurrectionnel de 1830, n'avaient cessé d'être un obstacle au rétablissement de l'ordre public. Leur maintien était devenu évidemment incompatible avec l'existence d'une monarchie ; mais le point difficile était d'en opérer la disso- lution sans recourir à des mesures arbitraires trop ouvertement opposées à l'esprit de la constitution. Le ministère l'entreprit par la présentation d'une loi qui atteignait indistinctement tous les adhérents de ces sociétés, sans égard à leur nombre, et qui attribuait à la juridiction correctionnelle la connaissance dudélitd'affiliation. Ceprojetsouleva une ardente opposition, du sein de laquelle M. Berryer ht en tendre son redoutable analhéme contre le cynisme des apostasies. La loi passa à une faible ma- jorité; mais son adoption même enfanta la terrible collision qu'elle était destinée à prévenir. Un cri de résistance partit de la Société des droits de l'homme, et ce cri fut répété par la plupart des sociétés secrè- tes répandues sur la surface de la France. De tous côtés on se prépara au combat. Mais nulle part cet appel à la révolte ne retentit plus fortement qu'à Lyon, ville encore enivrée de son triomphe éphémère de 1831, et où l'irritation des dé- bats politiques se compliquait de ladissidenceflagrante des rap- ports industriels. Livrés aux agitateurs qui depuis quelque temps avaient envahi cette métropole manufacturière, les ouvriers prirent les armes; et, malgré la supériorité numé- rique de la garnison et des ressources militaires, préparées de longue main, l'insurrection, née le 8 avril, ne fut comprimée