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                      VOYAGE EN ICARIE.                        89

 reconnaître l'Être suprême, comme Robespierre. Voici com-
 ment les choses se passèrent, à son dire.
     Icar fit un jour convoquer par lettres closes un grand concile
 composé des plus savants et des plus judicieux A'Icarie. Et
 comme ils étaient assemblés en séance, il apparut au milieu
 d'eux, ne portant point les tables de la loi toute faite, et il
leur posa la question en ces termes très-précis.
    « Y a-t-il un Dieu, c'est-à-dire une cause première dont
 tout ce que nous voyons est l'effet?
    On vota par assis et levés, et—j'en suis fâché pour M. Prou-
 dhon,—Dieu fut reconnu à l'unanimité à titre de cause pre-
 mière. Mais sur cette seconde question :
    « Une religion systématique accompagnée d'un culte par-
 ticulier est-elle utile aux Icariens ? »
    Le concile, à l'unanimité, répondit : Non !
    Interrogé de nouveau pour savoir s'il croyait à la divinité
 de Jésus-Christ, il répondit encore : Non !
    A la révélation : —Non !
    Aux punitions, aux récompenses de l'autre vie : — Non !
 Non !
    C'est chose jugée, il n'y a pas à réclamer : le concile re-
jette ! Les scribes n'eurent plus qu'à dresser procès-verbal de
 la séance.
    Vlcarie n'admet par ces vieilles croyances que les ancien-
nes sociétés vénèrent. Que répondre? simplement ceci : Que
 Vlcarie prenne terre quelque part ; qu'elle soit ; qu'elle fonc-
 tionne, qu'elle expérimente, et elle verra comment un peuple
 se passe de religion. Il n'y a qu'une nation qui n'est pas qui
 puisse vivre ainsi.
    J'aurai peu à dire des arts et des théâtres d'icarie :
M. Cabet ne nous fait pas des révélations bien neuves et bien
 piquantes à ce sujet. Dans un passage, il parle d'une sorte
de Musée en cire, qui m'a peu séduit, bien qu'on y con-