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                      LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                             337

iriote de 1789, et le soldat de Jemmapes. Car, à travers les
adorations monarchiques, il pénètre la puissance des idées
révolutionnaires, et sait parfaitement que, dans les sociétés a-
gitées, la victoire n'est point au parti le plus honnête et le
plus sage, mais au plus entreprenant. Le succès, cette fois,
couronne sa tactique. Il réussit à maintenir, à encourager
l'opposition libérale, sans comprometire par aucun écart de
conduite, par aucune trahison matérielle, les douceurs de sa
position secondaire ; et c'est quand Louis XVIII le croit plus
sensible aux avantages réels du pouvoir, qu'au pouvoir
lui-même (1), que tout se prépare pour lui faire passer


    (i) Frappé des développements de cette conspiration du libéralisme qui, de
l'opposition constitutionnelle d e B . Constant, devait, par une pente continue,
aboutir en moins de trente ans, au socialisme armé de Proudhon et de Barbes,
un clairvoyant ministre de Louis XVIII entretenait un jour ee monarque de ses
appréhensions ; il exprimait la crainte que le duc d'Orléans ne prît part à ces
machinations : « Le duc d'Orléans, s'écria Louis XVIII, conspirer pour usurper
la couronne!.. Ah ! s'il s'agissait de la liste civile, je ne dis pas.., »
    M. Capefigue raconte dans son Histoire de la Restauration, une anecdote
assez piquante et très-caractéristique sur la sollicitude que Louis-Philippe,
alors duc d'Orléans, apportait à la direction de ses intérêts pécuniaires. En
 1828, la commission du budget réclamait instamment de M. de Caux, ministre
 de la guerre, une réduction sur les états-majors de l'armée, et particulière-
 ment sur les nombreux aides-de-camp attachés à la personne des princes. Le
roi raya lui-même delà liste d'activité plusieurs de ses officiers et quelques-uns
de ceux du duc d'Angoulême et du duc d'Orléans. Le dauphin approuva ce
 travail d'assez bonne grâce ; mais à peine M. de Caux eut-il informé le duc
 d'Orléans de la mesure qui mettait à sa charge personnelle une partie de son
 état-major, que le prince accourut dans son cabinet et blâma vivement cette
 mesure, sans égard aux réclamations incessantes du côté gauche qui l'avait
 provoquée. Vainement le ministre se prévalut de cette circonstance : rien ne
 put toucher le duc d'Orléans. M. de Caux, prévoyant que le prince irait im-
 plorer la protection du roi en faveur de ses aides-de-camp, courut au château
 et prévint Charles X de ce qui venait de se passer. « Ah ! ah ! dit en riant
 le roi, voilà bien les libéraux ; faites des économies, pourvu que ça ne les

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