page suivante »
ANT0N1N MOINE. 42à meilleures pratiques. La révolution avait brûlé le château de M. Rotschild. M. Mole, M. le comte Mole, songeait à se faire républicain du surlendemain et ne songeait plus aux portraits de famille. Plus on parlait du droit au travail, plus le travail manquait au droit contesté. Alors il ne fil que languir, plus triste et plus malade, jus- qu'au jour où, sans résistance, il se laissa coucher par la mort dans sa tombe prématurée. Tandis qu'il en est temps encore, jetons, avant que l'ou- bli ne survienne, un dernier coup d'œil attristé sur celte orga- nisation privilégiée et malheureuse. Celait un esprit bien doué et mal fait. Il était de ceux que la mélancolie marqua comme siens, selon le mot du poète anglais : « And melan- choly mark'd him for her own. » Avec un caractère bon et sensible,, il ne recevait ni ne donnait le bonheur. C'était un vase pur où la liqueur tournait cependant. En l'abordant, malgré son cordial accueil, on le trouvait peu satisfait , on découvrait en lui un fond de souffrance permanente. En le quittant, on le laissait plaintif. Sa carrière bornée f*t une longue et douloureuse élégie, ou, pour emprunter une image à son art, un tableau assombri où les nécessités de l'existence n'apparaissent que trop à l'arrière-plan. Qu'a—t-il donc manqué à celte organisation si distinguée, à tant d'égards ? Il lui a manqué la juste appréciation des hommes, la science ordinaire de la vie, moins de révolte et plus de soumission d'esprit, la fidélité au travail commencé, l'ordre et la mesure en toutes choses ; tout cet ensemble enfin de qualités saines qui mènent à bien l'existence. Quand on arrive au port, ce n'est pas seulement à la voile, c'est aussi au lest qu'on doit l'heureuse traversée. Anlonin Moine laisse une femme, une veuve jeune encore, qu'il eût rendu heureux... s'il eût pu l'être ! II laisse un fils adolescent, dans un collège de Paris, Je ne %.