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388 MONOGRAPHIE HISTORIQUE et la prudence de son père, il avait du moins sa constance et son courage ; ses prodigalités lui ont valu le surnom de li- béral. Ce prince , turbulent et belliqueux, ennuyé de la paix , cherchait un prétexte de guerre ; il en saisit un d'une révol- tante injustice. Son beau-frère, le baron de Faucigny, sans enfants et sans ambition , ne songeait qu'a vivre paisiblement au sein de ses petits états. Il avait construit un château de plaisance, vers sa frontière, à Montforchier, suruneéminence d'où l'on jouissait d'une vue admirable. Le comte Amédée avait vu sans mécontentement celte construction inoffeusive. Mais Edouard, qui cherchait un prétexte de rupture avec le dauphin, dont le baron était le vassal, allègue que le château est sur ses terres et le fait démolir sans autre formalité. Celte iniquité suscita une guerre longue et acharnée. Le jeune dauphin, indigné de cette violente et déloyale exécution, sans attendre que le baron ait invoqué sa protection , prend les armes et fait invasion dans la Savoie. Bientôt le baron et Hugues de Genève , seigneur d'Anlhon , son allié , viennent avec leurs troupes renforcer son armée. Le comte de Savoie, inférieur en force, ne voulant pas exposer l'honneur de ses armes à l'impétuosité du dauphin, opère une prudente retraite. L'armée dauphinoise, libre dans ses mouvements, assiège le fort d'Alinges , au pied duquel s'étendait une petite plaine. Lorsque les fatigues et les longueurs de ce siège onl amorti l'ardeur bouillante deGuigues et l'exaltation de son armée, le comte se présente en ordre de bataille, attire le dauphin dans la plaine, profite du désordre de sa marche et le défait. Cette campagne, dans laquelle le jeune Guigues fit éclater sa valeur, fut, toutefois, à l'avantage du comte qui assiégea, pendant l'hiver, le fort de l'Ecluse et s'en rendit maître en corrompant, dit-on, le gouverneur. Au printemps de l'année suivante 1325, leBugey et le Ge-