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290                 DU DROIT DE PROPRIÉTÉ.

  possible de justifier le vol par la ruse que le vol à main ar-
  mée ; mais une pareille accusation ne prouve rien contre le
  principe ; elle signale des abus qui deviennent de plus en
  plus rares dans une société bien organisée. Il y a de plus
  une chose que les communistes oublient ou ignorent , c'est
  que la prise de possession du sol n'en constitue pas la pro-
 priété ; ce qu'ils oublient encore , c'est que le sol n'est pas
 une richesse proprement dite , mais seulement un instru-
 ment et un instrument qui doit être modifié et amélioré par
 le travail. C'est réellement le travail qui crée le sol ; et c'est
 lui qui surmonte les obstacles qui s'opposent à la production ;
 dès qu'il cesse, ces obstacles reparaissent ; il en est de la
 propriété , qui est une création humaine, comme de la créa-
 tion universelle ; elle n'est conservée que par la répétition
 perpétuelle de l'acte qui lui a donné naissance. L'occupation
 n'est pas plus la propriété que le fait n'est la science. Le sol
 qui n'est pas fécondé par le travail, n'est pas une richesse
 pour son possesseur et ne peut constituer un privilège bien
 exorbitant ; car, mettez un homme paresseux ou négligent
 devant un terrain en friche ; il y mourra d'impuissance et de
 misère.
    Un autre principe également attaqué , c'est celui de la
 transmission de la propriété par héritage. Pour le défendre ,
il faudrait considérer l'origine et la nature de la famille,
ainsi que la solidarité qui unit le père à ses enfants. Ce serait
entrer dans un tout autre ordre d'idées qui comporterait de
longs développements. Du reste, l'héritage ne pût-il pas se
justifier, il est reconnu que, sous l'empire de notre loi civile
actuelle , les fortunes ne se transmettent presque jamais au-
delà de la troisième génération.
    En général ceux qui ont combattu l'appropriation du ca-
pital et surtout du sol, l'ont représentée comme la cause uni-
que des dissensions, des procès cl de tous les maux qui affli-