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CX QUATRAIN A M. E. SCRIBK. 119 à un collectionneur d'une pièce qui lui manque. On le livre à un véritable tourment, et on s'expose à la réaction ; c'est ce qui va vous arriver en lisant cette lettre, car avec l'obli- geance que rje vous connais, vous aurez un vérilable regret de ne pouvoir me satisfaire, en me faisant le sacrifice de l'au- tographe de M...., que vous eu l'imprudence de me montrer. Je n'ai pas de titre à vous le demander, mais, en ma qualité de collectionneuse expérimentée, je sais que l'essentiel est de par- ler en temps opportun, et depuis qu'il m'est arrivé des trésors pour des pétitions faites à propos, et que j'en ai manqué d'au- tres pour des sollicitations venues trop lard, je me dis : Qui sait ! et sur ces deux mots je risque des demandes inconce- vables, et qui fort souvent sont couronnées par le succès.... « Cette bêle et maladroite vertu qu'on nomme DISCRÉTION, m'a procuré de tels désappointements, que je m'en suis corri- gée comme d'une grande niaiserie : aujourd'hui, du moins, je parle à temps, etc., etc., etc. » Cette citation faite mot pour mot suffira, je pense, pour excuser tout ce que j'ai pu dire d'un peu cru à l'endroit de l'audacieuse témérité des collecteurs d'autographes; mais il faut que j'en convienne aussi avec franchise, ayant beau- coup vécu dans la compagnie de ces Messieurs, j'ai contracté dans leur société, sinon le dévergondage de leurs indiscré- tions à demander, du moins leur ténacité pour obtenir ; ténacité qui m'a valu le désappointement que voici. Ma collection d'autographes ne se compose que de lettres qui m'ont élé adressées par un grand nombre de lilléraleurs distingués de noire siècle ; parmi ces diverses écritures il me manquait celle du plus fécond et du plus spirituel de nos auteurs dramatiques ; c'est presque nommer M. Scribe. J'étais à la pisle de lous les moyens de me la procurer, et je crus, il y a quelques années, en avoir trouvé un excellent en recommandant à l'illustre académicien l'un de mes meilleurs amis, compositeur de musique fort distingué, qui se rendait