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80 VOYAGE EN ICARIE. d'éducation, si utile, si parfait, si merveilleux, que c'est à donner envie de le lire pour y puiser l'instruction qui nous manque; mais où le trouver celui-là aussi, et, par hasard, seraiMl encore à faire ? Tant de mérite, tant de perfection n'existent-ils qu'en germe et à l'état de rêve dans votre pen- sée ? Bien plus ! vous auriez le livre que ce ne serait pas suffi- sant; il faudrait qu'on pût juger des a salutaire influence sur les populations icariennes. Mais, encore une fois, où est le livre, où sont les populations, les faits, les preuves enfin ? Venons-en donc aux réalités ! Je me déclare maintenant fort embarrassé de faire voyager le lecteur en Icarie , ne sachant pas un mot de la langue uni- versellement inconnue en attendant qu'elle soit universelle- ment parlée , et n'ayant pu refaire mon éducation au moyen du livre si parfait qui n'est pas fait ! Je suis forcé de recourir a l'auteur pour donner la première idée sommaire du pays. « Vous voyez, dit-il, qu'Icarie est bordée au midi et au nord par deux chaînes de montagnes qui la séparent de la Pagilie et du Miron , à l'orient par un fleuve , et à l'occident par la mer qui la sépare du pays des Marvoh par lequel vous êtes arrivé. » Et maintenant que vous en savez , non pas autant que moi , ce serait peu dire, mais autant que l'auteur , et ce n'est pas dire beaucoup plus, sur la position géographique de Ylcarie et sur ses vrais confins , nous allons monter ensemble en Staramoli [char voyageur , voyez le dictionnaire qui n'existe pas de la langue à créer) et nous arriverons bientôt, sans encombre , dans la grande capitale , Icara , après avoir traversé le pays des Marvols, le port de Camiris et la ville de Tyrama, ville neuve , ce que personne ne contestera. On voyage en Icarie sans danger , car les bateaux à vapeur y sont si perfectionnés , qu'ils ne sautent ni ne sombrent , et les Slaramoli ne versent jamais. De même que Thouvenin