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I 144 Loms-PHiLippE D'ORLÉANS. l'abandon des maximes gallicanes qui , pendant tant de siècles , avaient préservé la France du joug théocratique. En- fin , un ecclésiastique moins digne encore de ce litre , l'abbé ChaUel aspirait à étouffer dans les égarements du schisme le plus criminel les consolations que la religion seule pouvait offrir à la société troublée. Le sens moral public s'affaiblissait visiblement au milieu de cette anarchie des idées et des opi- nions. Tout tendait à s'amoindrir. Les fondions publiques , convoitées avec une avidité déplorable , mais remplies géné- ralement sans amour du devoir, sans passion pour le bien, cessaient d'apporter à leurs possesseurs ce lot d'honneur et de considération qui , dans d'autres temps , avait composé parmi nous leur plus bel apanage. La plupart des prévenus renvoyés devant les tribunaux y rencontraient une scanda- leuse absolution. L'opinion publique, cet arbitre antique et suprême en matière d'honneur , perdait de plus en plus cette rigueur de délicatesse, et , si l'on peut dire, cette fleur de sévérité qui , chez un peuple jaloux des moindres bien- séances , avait élevé si haut la puissance de ses oracles. Ce désordre des esprils gagnait jusqu'aux formes extérieures de la société. L'urbanité française, si vantée , disparaissait in- sensiblement de nos mœurs sous l'impression desséchante de i'égoïsme et de la licence (1) ; tout , jusqu'à nos habitudes do- mestiques, se ressentait du relâchement de l'autorité et de l'infirmité radicale du principe sur lequel elle reposait. Cette époque parut favorable au parti légitimiste pour e s - sayer une démonstration qui ne servit qu'à réveiller l'irrita- tion révolutionnaire et à constater l'impopularité du principe (1) Un Américain illustre qui revoyait la France après trente ans d'éloigne- ment, interrogé sur le change ment qui l'avait le nias frappé dans nos mœurs, répondit sans hésiter : « la disparition de la politesse. » (C. Bonjour, Mélanges de la Société philolechnique).