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                   LA LOCOMOTIVE.                           7

 Vive en tous et partout, et qu'ainsi se consomme
        Un seul être, le Genre humain !


                          III.

 0 char prodigieux ! ô rival du tonnerre !
         Lorsque tu pars, broyant le sol,
 Ni le simoun, ni l'aigle élancé de son aire
         Ne peuvent te vaincre en ton vol.
 Les cités vont s'asseoir sur ton aile ; avec elles
         Tu fuis, tu fends l'air comme un trait,
Et si l'homme attelait la montagne à tes ailes,
         La montagne s'ébranlerait !
Toi, l'orgueil de notre âge et l'effroi du vieux monde,
         Char terrible, aux vivants essieux,
Tu n'as rien cependant dans tes flancs, qu'un peu d'onde,
         De l'onde qui tombe des cieux
Ou jaillit de la source, et, toujours voyageuse,
        Enlace la terre en ses plis,
Et remonte des mers à la nue orageuse
        Pour verser la rosée aux lys ;
Rien qu'un peu de ce feu, père de la lumière,
        Ferment du globe refroidi,
Que tout récèle : l'arbre et la neige et la pierre,
        Comme les rayons de midi !
Oui, l'homme, souverain de l'onde et de la flamme,
        L'homme en ses mains a condensé
Le nuage et la foudre, il en a fait une âme,
        Et soudain tu t'es élancé I
Tu marches sur le fleuve et franchis les abîmes ;
        Ici, des arches de granit
De la chaîne des monts ont nivelé les cimes,
        Tout sommet pour toi s'aplanit ;
Là, dans les durs rochers qui s'ouvrent, tu t'enfonces
        Avec ta file de traîneaux ;