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304              LOUIS-I'HILIPPE D'ORLÉANS.

aux partisans du nouveau pouvoir. Dans l'ardeur irréfléchie
de son ambition dynastique. Louis-Philippe constata lui-môme
l'importance politique du voyage du comte deChambord , en
envoyant en Angleterre le duc et la duchesse de Nemours
pour en neutraliser l'effet. Mais que pouvaient peser aux
yeux de la France les démonstrations froidement officielles
du gouvernement anglais, en regard des hommages spon-
tanés et désintéressés de deux mille Fiançais d'élite,
venus de tous les points du royaume pour saluer, dans le
petit-fils de Charles X, le représentant du principe séculaire
de la légitimité !
   La santé chancelante du duc d'Angoulême rappela à Go-
ritz l'auguste voyageur. Il quitta l'Angleterre le 13 janvier
1844, au moment où la Chambre des députés se préparait à
réprouver, par une éclatante manifestation , la conduite de
cinq de ses membres , qui avaient pris part au pèlerinage de
Belgravc-Square. Ces députés étaient MM. Berryer, de
Larcy, Blin de Bourdon, le duc de Valmy et de La Rochejac-
quelein. La discussion , née d'un paragraphe de l'Adresse, fut
irritante et passionnée. Aux explications des députés incul-
pés, MM. Guizot, Duchâlel, Dupin , Hébert, d'Angeville ,
Desmousseaux de Givré répondirent avec une aigreur mal
dissimulée ; d'amères récriminations furent échangées de
part et d'autre, et, dans la chaleur du débat, un des minis-
tres même de Louis-Philippe s'oublia jusqu'à dire que « si
jamais Louis-Philippe violait la Charte et trahissait le ser-
ment qu'il lui avait prêté, la France serait dégagée vis-à-vis
de lui. » La Chambre parut indécise. Mais la majorité, qui
connaissait l'extrême importance que le roi attachait au
maintien textuel de la manifestation proposée, prononça la
flétrissure des députés incriminés, et cette résolution amena
leur démission immédiate. Louis-Philippe reçut avec solen-
nité la commission chargée de lui présenter l'Adresse de la