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                      boijages.



LETTRES SUR LA SARDAIGNE/

                        Ve LETTRE.


                       A MADAME      ***.


   Ah 1 ça , mon révérend, je ne vous comprends pas ! vous
gémissez sur la dureté de cœur des Sardes, qui refusent l'au-
mône à leurs moines , el pourtant votre besace est suffisam-
ment arrondie ; vous déplorez l'esprit d'irréligion, qui envahit
votre pays, et je vois vos églises pleines de fidèles, vos autels
richement ornés ; el maintenant, vous me contez les aven-
tures amoureuses de votre frère en saint François ! Est-ce
que par hasard les moines sardes seraient affranchis du vœu
de chasteté ? — Mon cher Monsieur, si vous étiez venu dans le
pays il y a vingt ans , vous comprendriez mes regrets et mon
affliction. Alors les prêtres étaient puissants et respectés ; la
Madone et les saints recevaient de riches offrandes, et les
frères n'étaient pas obligés d'interrompre leurs travaux et
leurs prières , pour aller mendier des aumônes, qui leur ve-

   (i) Voir les tome XXV, p. 344; tome XXVI, p. 5 6 ; tome XXVII,
p. urg.