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236 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. amis. Le côté gauche s'était promis de garder envers lui une attitude « expectante et bienveillante ; » et, quoique le chef de ce cabinet inspirât personnellement peu de confiance, le parti parlementaire céformisle se flattait que les circonstances au sein desquelles il avait pris la direction du pouvoir, l'entraî- neraient à des satisfactions que l'opinion progressive avait jusqu'alors vainement demandées à l'auteur de la fameuse maxime, le roi régne et ne gouverne pas. Une imposante ma- jorité de 103 voix sur la question des fonds secrets constata la sincérité du concours qui lui avait été promis. Ces illusions ne tardèrent pas à se dissiper. La transaction du ministère avec le côté gauche se borna à quelques con- cessions d'emplois publics ; la place de conseiller à la Cour de cassation fut offerte à M. Dupont de l'Eure, qui la refusa noblement. Une ordonnance compléta, à l'occasion du ma- riage du duc de Nemours, l'amnistie proclamée trois ans au- paravant, et le ministère obtint une sorte de réparation de la lente et cruelle agonie qu'Hudson Lowe avait fait subir au glorieux captif de Sainte-Hélène, par la translation de ses restes sur le sol français. Enfin , M, Thiers se prononça avec plus d'énergie que le gouvernement n'avait fait jusqu'alors sur la stabilité de notre domination en Algérie. Mais tout projet de réforme des institutions fondamentales rencontra dans le ministère du 1 er mars la môme résistance que dans ceux qui l'avaient précédé. Ce fut lui qui enterra la proposi- tion Rumilly, dont l'objet était de mettre obstacle à l'enva- hissement de la Chambre des députés par les fonctionnaires publics. L'opposition d'inertie de la Cour avait usé l'agitation fébrile du présomptueux ministre qui s'était si souvent écrié qu'il fallait mater le roi. Ce fut dans ces circonstances que la nouvelle du traité du 15 juillet se répandit dans Paris. L'irritation contre les puis- sances contractantes fut universelle, et ce sentiment se pro-