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                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                     117

et le voulez-vous puissant et indépendant, donnez-lui une origine
grande et indépendante ; donnez-lui au contraire une origine infé-
rieureet dépendante pour l'avoir dépendant et faible. 11 est mani-
feste que le pouvoir sorti de l'urne législative n'aura jamais la même
grandeur que s'il était issu de la volonté nationale. Les peuples
le regarderont comme une création de l'assemblée législative, et
porteront plus haut leurs vœux et leurs hommages. L'assemblée
législative n'aura pas pour son œuvre les égards qu'elle aurait
pour l'élu de la nation, et pensera qu'elle doit le diriger puis-
qu'elle l'a fait. Lui-même se sentira gêné par son origine, par la
pensée publique qui le subordonne au pouvoir législatif ; il lut-
tera à peine contre les empiétements de ce pouvoir, et sera peu à
peu entraîné dans son orbite. 11 est aussi peu raisonnable de faire
élire le pouvoir exécutif par le pouvoir législatif, qu'il le serait
de faire élire les membres de l'assemblée législative par le pou-
voir exécutif.
   Il y a encore d'autres considérations en faveur du pouvoir
exécutif : ce n'est plus l'intérêt de ce pouvoir et de l'ordre qu'il
est chargé de maintenir, mais le droit de la société qui est sou-
veraine. Puisque la société a la souveraineté, le pouvoir législa-
tif ne l'a donc pas ; si c'est elle qui est souveraine, c'est à elle
seule à déléguer des pouvoirs qui n'appartiennent qu'à elle , à
moins que le pouvoir exécutif, préposé à la prospérité et à la
sûreté publique, ne soit qu'un rouage obscur et secondaire, in-
digne de ses soins et de ses regards. Ne serait-il pas aussi à
craindre que l'élection législative ne proclamât des notabilités de
parlement, des discoureurs élégants et stériles, des illustrations
obscures, nées dans le demi-jour des bureaux et des couloirs,
grandies dans les colonnes des journaux, produit de l'intrigue
et non des services. Le suffrage universel, au contraire, ira cher-
cher des noms éclatants, éprouvés, connus de la nation entière ;
car autrement, comment les nommera-t-elle ? Des hommes d'ac-
tion ou de pensée, qui représentent, non des ambitions, mais
des principes, non des coteries, mais la France. Dans un cercle
étroit, la brigue est une puissance, au milieu d'un peuple elle se
perd. »