Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         itarirté*.
   DES COLLECTEURS D'AUTOGRAPHES.
              UN QUATRAIN A M. EUGÈNE SCRIBE.

    Je ne saurais croire qu'il soit au monde d'indiscrétion plus
phénoménale que celle des collecteurs d'autographes ; cette
indiscrétion dont ils conviennent eux-mêmes avec assez de
bonhomie, prend sa source dans plusieurs raisons dont voici
la meilleure sans doule. Ils ne courrenl effectivement qu'après
quelques lignes d'écriture et un chiffon de papier ; ce but de
leurs désirs effrénés, privé de toute valeur intrinsèque, ne
leur semble avoir de prix que pour eux *, ils ne voyent guère
le sacrifice qu'on peut faire en le leur cédant ; ils ne conçoi-
vent point qu'un autre qu'eux-mêmes soit atteint d'une aussi
 cuisante démangeaison de le posséder ; ensorte qu'on pourrait
 presque dire qu'il y a de la candeur dans l'audacieuse témé-
 rité de leurs demandes, et qu'ils n'ont point le sentiment de
leurs importunités gigantesques. Puis ils*savent que les hon-
teux, en pareil cas, peuvent manquer d'excellentes aubaines,
et que, suivant l'ancien proverbe, la fortune aide les coura-
geux; aussi se permeltent-ils plus volontiers d'oser, dans l'es-
poir de voir leurs sollicitations acharnées couronnées, sinon
de lauriers, au moins de papiers jaunis par le temps, et
 noircis par le griffonage d'une célébrité quelconque, dé-
codée depuis des siècles, et dont la réputation s'est bonifiée
dans le sépulcre, comme du vin en cave.
    Et qu'on ne pense point que j'exagère dans mes assertions
à cet égard ; comme preuve que je reste même fort au-des-
 sous de la vérité, qu'il me soit permis de citer textuellement
 le fragment d'une lettre de cinq pages, qui me fut adressée
 par l'une des plus spirituelles collectrices de nos contrées, aux
 fins d'obtenir de moi un billet d'un mort fameux qui était en
 ma possession.
    « Vous ne savez pas, Monsieur, ce que c'est que de parler