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                      VOYAGE EN ÃCAME.                       9i

      « Nous avons, dit Valmor, presque coupé le mal dans
  sa racine : 1° En établissant une organisation sociale et po-
  litique qui rend inutile l'hostilité de la presse ; 2° en ne
  permettant qu'un seul journal communal pour chaque com-
  mune, un seul journal provincial pour chaque province, et
  un seul journal national pour la nation ; 3° en confiant la
  rédaction des journaux à des fonctionnaires publics élus
  par le peuple ou ses représentants, désintéressés, temporaires
  et révocables ; mais nous avons extirpé la racine entière, en
 ordonnant que les journaux ne seraient que des procès-ver-
  baux, et ne contiendraient que des récits et des faits, sans
 aucune discussion de la part des journalistes.... — Ajoutez
  que les journalistes élus sont des écrivains les plus habiles,
  et qu'ils, mettent leur gloire à raconter les faits et à ana-
  lyser les discussions avec clarté, avec ordre, avec le plus
 de dramatique possible, et surtout avec le plus parfait la-
 conisme, de manière à ne rien n'omettre d'important, et à
 ne pas admettre un seul mot inutile !... Et vous avez re-
 marqué la beauté du papier, la commodité du format,la ma-
 gnificence de l'impression, la distribution des matières!...
 Comparez avec vos journaux anglais ou français!... Admirez
 donc, admirez!... »
     Et là-dessus, répondant à l'appel, l'interlocuteur s'écrie :
< J'admire ! j'admire ! j'admire ! »
 '
     M. Cabet me permettra d'admirer un peu moins qu'Eu-
gène, l'interlocuteur complaisant. Néanmoins, comme je suis
de bonne foi, et comme je ne veux pas qu'il perde un de ses
 avantages naturels dans la discussion, je lui ferai observer
qu'il oublie un mérite notable de la presse icarienne : c'est
qu'il n'y a point d'abonnement à payer, et qu'on ne lit pas
dans chaque numéro : les souscripteurs dont l'abonnement
expire..., ce qui ne laisse pas que d'être fastidieux. Mais,
cela dit, je dois avouer que des journaux ainsi faits me sem-