Revue du Lyonnais » série 1 - n°28 ( 1848 ) » pp.065

                      ACADÉMIE DE LYON.                        65

nos utopistes écrivent en lettres de sang sur le pavé des
places publiques , une autre histoire que ces pamphlets où
l'esprit de parti espadonne avec la calomnie et le mensonge.
     La saison et le jour n'étaient pourtant pas favorables. Une
bonne partie de la population lettrée est aux champs ; les
étudiants de nos facultés, auditoire d'ordinaire si empressé,
se sont envolés pour la migration des vacances ; en outre,
le temps était d'une chaleur étouffante, et il y avait mérite à
s'enfermer pour deux heures dans l'enceinte trop étroite et
 trop basse du salon de l'Académie. Cette salle cependant était
pleine ; et surtout les fraîches toilettes étaient en nombre.
 Le programme expliquait suffisamment ce concours. On de-
 vait entendre pour la première fois en public un jeune philo-
 sophe , M. Blanc Saint-Bonnet, dont les premiers écrits ont
 excité dans notre ville, depuis environ dix ans, une vive curio-
 sité et de plus vives sympathies ; qui, se séparant complète-
 ment de tous les maîtres actuellement célèbres, a eu l'hon-
 neur d'être très-remarque par eux; enfin , et c'est là, à notre
 avis, son plus beau titre, qui, dépouillant la philosophie de sa
  raideur et de sa sécheresse ordinaire , la retrempant dans les
  eaux vives de la religion , en a fait une chose si consolante ,
 que ses rares écrils sont déjà l'aliment moral d'une foule
  d'âmes parmi les plus tendres et les plus pieuses. Un chirur-
  gien de grand renom, M. le docteur Bonnet, devait ensuite
  lire son discours de réception ; après lui, le Secrétaire de l'A-
  cadémie , M, Grandperret , un épisode de son Histoire de
  Lyon ; enfin . notre jeune et déjà illustre poète, M. de La-
  prade, si aimé de tous ses compatriotes lettrés, un fragment
  de ses nouvelles Eludes sur la poésie grecque. Philosophie,
  science , histoire , littérature se trouvaient représentées. Une
  seule des nobles muses était absente , et à notre grand re-
  gret. Pourquoi, lorsqu'on a un poète comme M. de Laprade,
  ne pas terminer la séance par un peu de poésie ? Quelques