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66                    ACADÉMIE DE LYON.

 beaux vers, ou du moins quelques jolis vers dont le souvenir
 et l'écho vous suivent au retour, c'est comme le sourire de
 l'adieu ; comme la fleur qu'on emporte en quittant une mai-
son amie , et dont on respire longtemps le parfum. Nous
 sommes revenus sans sourire , sans parfum , un peu trop
 graves, un peu étourdis de tant de science sérieuse.
    M. Blanc Saint-Bonnet a eu un grand succès, et a produit
 sur l'auditoire une profonde impression. Par une heureuse
liberté , il s'est affranchi de ce qu'on appelle formellement
un discours de réception, assez sot usage qui a fait commettre
bien des phrases insignifiantes el de fades compliments. Il
s'est borné à nous lire un fragment de ses travaux habituels ,
el nous l'en remercions. Seulement, que M. Blanc Saint-
Bonnet nous permette un scrupule. Nous connaissions déjà
le morceau qu'il nous a lu ; nous l'avions lu nous-même
avec une grande émotion et une grande admiration dans
cette Revue même (n° de janvier 1848) , sauf quelques re-
tranchements auxquels nous avons applaudi , parce qu'ils
donnent plus d'unité à cette belle œuvre. Ce n'est pas sans
plaisir, pour notre part, que nous avons reconnu ces hautes
et nobles pensées dont le souvenir était si vivant en nous ;
mais n'était-ce pas tromper notre atlenle el celle de tout l'au-
ditoire , que de nous redire des choses déjà bien connues,
bien admirées , lorsque nous arrivions , pleins d'espérance ,
dans l'attente dépensées nouvelles et d'émotions neuves ? —
Àvouons-le , toutefois , nous n'avons été ni moins émus ni
moins charmés. Osons dire toute notre pensée ; ce morceau
sur la douleur el le travail est tout simplement sublime. Le
problême est un des plus grands que l'intelligence humaine
puisse se poser ; ce n'est pas un de ces problêmes spéculatifs
qui n'intéressent l'esprit qu'à titre de curiosités , et sur les-
quels il nous est permis d'être indifférents ; celui-là enve-
loppe toute notre existence , toute notre conduite, toute