Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
8                       LA LOCOMOTIVE.

    On te voit disparaître, ainsi que sous les ronces
           Un serpent aux bruyants anneaux.
    Dans la nuit du rocher chemine la fournaise ;
           Mais bientôt de l'antre étonné
    Tu t'élances, suivi d'un sillage de braise,
           Et d'étincelles couronné!


                              IV.

    Et pendant ce temps-là vous vous taisez, poètes !
            Vous, les prophètes, les devins,
    Vous n'avez rien compris à de telles conquêtes !
           Assis au penchant des ravins,
    Vous contemplez, frappés d'une stupeur profonde,
           Le char qui partout se fait jour,
    Et vous n'avez de voix que pour crier au monde :
           « L'âge de fer est de retour ! »
    Ah ! trêve de sanglots, trêve de rêveries !
           N'avez-vous pas assez pleuré?
    Dans les replis ombreux de vos Tempes fleuries,
           N'avez-vous pas, à votre gré,
    Tressé, de l'aube au soir, des couronnes légères,
           Redit votre plainte aux échos,
    Et, pour les façonner en flûtes bocagères,
           Assez moissonné de roseaux,
    Assez gravé de noms dans l'écorce attendrie,
           Toujours prêts à bénir les dieux,
    Pourvu que Galathée en passant vous sourie ?
           0 poète, levez les yeux !


                              V.


    Là-haut, sur le Caucase où l'aile de l'orage
          Battait son cadavre amaigri,