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                    LA LOCOMOTIVE.

  Du charriot vengeur saluant le passage,
           Le vieux Promethée a souri.
  Il s'écrie : 0 soleil ! ô terre! ô mer immense !
           Entendez-vous enfin venir
 Le dieu jeune et nouveau dont le règne commence,
           Le roi vainqueur de l'avenir ?
 Gloire à lui ! Depuis l'heure où j'ai brisé la pierre,
           Gardienne du feu sacré,
 11 a bien combattu dans sa rude carrière,
           Il a bien souffert, bien pleuré ;
 11 a bâti longtemps sa hutte aux bords des grèves,
          Erré de désert en désert;
Et son sang a coulé plus fécond que les sèves
          Dans les veines de l'univers.
 O toi, que j'écoutais, au" sein des nuits profondes,
          Gémir avec le vent des bois,
 Atlas au front courbé, sombre porteur des mondes,
          Ne pleure plus comme autrefois !
Ne pleure plus : la terre est joyeuse et vermeille,
          Vois, c'est le trône des humains ;
Au milieu de l'espace, ainsi qu'une corbeille,
          Elève-la dans tes deux mains !
Et toi, Zeus, couvre-toi de nuages, secoue
          Tes pâles foudres dans les deux !
Celui qui fut créé pour ramper dans la boue
          Est devenu semblable aux dieux,
Il brise ses liens, et de toute sa taille
            Contre ses tyrans redressé,
Il s'écrie aujourd'hui : Je veux livrer bataille;
             Tombez donc, ô dieux du passé !
Mornes olympiens, ô vieux dieux, ombres mortes,
             Dieux jaloux qui m'avez puni,
Tombez ! de vos palais l'homme ébranle les portes ;
          Tombez, votre règne est fini !
                                      JOANNYS TISSEUR.