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LA VERRERIE DE ROANNE 45 I fabriquer plusieurs au nombre de plus de cent vingt et donna son tems et ses soins avec appliquation pour la réussite de l'entreprise tandisque lesd. sieurs Otrequin, Sénéchal et Pigalle, jeunes gens associés, ne songeoient qu'à leurs plaisirs, allant de femme en femme, dépensant l'argent mal à propos même avec scandale, le sr de Bigault leur ayant voulu faire des remontrances cela luy attira leur haine; enfin, après quelques mois de travail, l'on fit une première réveillée, c'est à dire une fonte de bouteille qui ne réussit pas parfaitement parce que l'on n'étoit pas encore bien au fait des matières de cette province, mais ayant fait de nou- velles compositions, toujours par l'avis et par le travail du sieur de Bigault qui ayant demandé des fonds au sieur Otrequin, caissier, frère de l'un des associés, il luy répondit qu'il n'y en avoit pas, dont étant très surpris puisque l'on n'avoit pas dépensé 10.000 livres et qu'il deût y en avoir 60.000 dans la caisse, suivant la société, il répondit qu'il devoit sçavoir que, quoyque l'on eut stipulé 60.000 de fonds, il n'y avoit eu que 12.000 des soixante mille, les plaintes du sieur de Bigault éclatèrent, il se plaignit haute- ment de la tromperie de ses associés et comme il étoit stipulé que, faute par eux ou l'un d'eux de fournir son con- tingent, part et portion, suivant la société, à peine d'être déchu d'icelle, il les menaça d'agir en conformité, alors ils luy firent entendre qu'ils rempliraient leurs engagemens, ce que n'ayant pas fait, n'étant pas en état craignant la rigueur de la stipulation de leur société, il n'y a sorte de voyes qu'ils n'ayent mis en usage pour chagriner le sieur de Bigault; ils firent révolter les ouvriers contre luy, les insitèrent à ne luy point obéir, ce qui occasionna ledit sieur de Bigault d'agir par remontrances, enfin les choses se calmèrent au mois de juin de l'année dernière que ces