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28 LES LYONNAIS AU COLLEGE DE JUILLV Un de ses frères, dont nous n'avons pu, malheureusement, retrouver le prénom, entrait à Juilly, le 17 octobre 1675, pour suivre les cours de philosophie (1). Le 27 juillet pré- cédent, le P. de Saint-Denis avait reçu dans ses bras le corps inanimé de Turenne, traversé par un boulet ennemi sur une des collines de Salsbach. Il lui avait fallu la plus grande énergie pour célébrer ce premier service militaire qui eut lieu au camp, « où tout était fondu en larmes, et faisait fondre les autres (2). » Il avait même voulu suivre jusqu'à Saint-Denis les restes du héros, que Louis XIV prescrivait de déposer auprès de ses pères, et, la cérémonie des funé- railles achevée, il était retourné au collège brisé par la dou- leur et incapable de tout travail (3). Un semblable témoin du drame à consulter, la solitude si favorable à la compo- sition ne pouvaient qu'attirer à Juilly l'orateur chargé de prononcer l'oraison funèbre. C'est ce qui arriva. Mascaron vint passer un mois auprès du P. de Saint-Denis (4). Le 27 octobre (5), eut lieu au collège une réunion de l'Aca- démie. Mascaron en accepta la présidence, et dut certainement parler aux enfants réunis autour de lui du grand capitaine, dont la France entière déplorait la perte. Par une attention ("i) Le cours de philosophie en 5 volumes coûtait 8 livres. Ce mon- sieur de la Chassagne n'employait que du papier fin à 5 sols la main. (2) Lettre de M m « de Sè-vio-m', du 28 août 1675. (3) M. HAMEL, loc. citai., p. 258, 259. (4) Mascaron revint encore à Juilly, le 13 avril 1677, alors qu'il prê- chait un de ses derniers carêmes au Louvre. Son équipage resta au col- lège. On acheta 7 setiers d'avoine pour ses chevaux, 53 livres 10 sols. On donna 3 livres à son palefrenier pour payer une dette qu'il avait faite ici. on paya 5 livres 7 sols pour les fers des deux chevaux. Mascaron repartait le 18 avril suivant. Il avait présidé une nouvelle séance académique. (5) Trois jours avant la solennité aux Carmélites de Paris,