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424       LES LYONNAIS AU COLLEGE DE JUILLY

« un héritage assez considérable en entreprises bizarres, à
« faire imprimer ses livres clandestinement, ainsi qu'à dis-
« tribuer des secours aux personnes qui partageaient ses opi-
« nions, ou qu'il croyait pouvoir y amener. Vivement
« opposé à la Révolution, il la considérait comme un châ-
« timent que le ciel infligeait à la France et aux Bourbons,
« pour avoir persécuté les disciples de Port-Royal. Il se pro-
« nonça contre le concordat de 1802, et refusa de recon-
« naître la nouvelle organisation de l'église de France. Le
« gouvernement consulaire le vit avec ombrage, et le ren-
« ferma au Temple pendant six mois, au retour d'un voyage
« qu'il avait fait en Suisse pour y observer des convulsion-
ce naires et conférer avec certains de leurs partisans. Malgré
« son exaltation, Desfours ne donna point dans les con-
« damnables excès de beaucoup de convulsionnistes ; ses
« mœurs furent toujours pures et même austères. La plus
« grande partie de son temps s'écoulait dans le jeûne et
« dans la prière ; la conversion du peuple juif au christia-
« nisme, qui est le grand but de l'œuvre des convulsions,
« le préoccupait fortement, et il porta son zèle si loin, qu'il
« fallut toute l'improbation de sa famille et de ses amis
« pour le détourner d'épouser une jeune Israélite. Dans
« les dernières années de sa vie, divisé d'opinion avec ses
« frères et ses amis, en proie au chagrin et à l'exaltation de
« sa tête, tombé dans l'indigence la plus profonde, il se retira
<•<• chez une vieille demoiselle, demeurant en notre ville.
« C'est là qu'il mourut le 31 août 1819, à l'âge de 62 ans.
« Il ne voulut recevoir les secours de la religion que d'un
« prêtre dissident. Aussi le clergé de la paroisse s'abstint-il
« d'assister à son convoi ; mais ses partisans en firent un
« saint. Ils se disputèrent ses vêtements, se partagèrent ses
« cheveux, et conservèrent religieusement ses reliques. »