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MOLIERE A LYON 335 Mais le nom était assez commun dans le quartier Saint- Jean qu'habitait probablement Molière. On le trouve porté par des tailleurs d'habits et des peintres, avec les variantes : Florent, Fleurant, Fleuran et même, comme celui de l'apo- thicaire, Flurant, prononciation conforme à la phonétique lyonnaise. Molière a fort bien pu se faire habiller par un tailleur de ce nom ou employer un Fleurant, peintre, aux décors de son théâtre. Mieux encore, un Fleurant, garçon apothicaire, a-t-i^ été appelé à prêter son ministère à l'écrivain. Si la méde- cine du temps faisait grand emploi de purgatifs, l'usage n'était pas moindre de certains autres remèdes que je puis me dispenser de nommer. Ces remèdes, on le sait, étaient portés à domicile et administrés par les apothicaires eux- mêmes. L'exercice de leur profession les appelait néces- sairement à « fleurer » d'assez près les malades. Ce nom de Fleurant aura frappé Molière et lui sera revenu plus tard à l'esprit. C'était le parfait pendant de Purgon : Purgon, d'un côté. Fleurant, de l'autre, font image et se répondent. * ** Nous ne savons donc rien des rapports de Molière avec la bourgeoisie lyonnaise. Cette classe a toujours été très fermée, et encore aujourd'hui, elle n'ouvre pas facilement ses portes aux étrangers. A plus forte raison devait-elle se montrer réservée à l'endroit de ces comédiens nomades, qui confinaient au monde des charlatans et des bateleurs. Du reste, sans être taxé de pruderie, on doit reconnaître que les mœurs y laissaient à désirer, Molière vivait en union