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4)8                          BIBLIOGRAPHIE

possible de tirer de cette charte, quand on se contente de ce qu'elle
affirme, quand on n'est point disposé par l'imagination ou une piété
imprudente à suppléer à son silence embarrassant, en comblant des
lacunes qui, chez elle, n'existent pas.
   Mais, que répondre alors aux partisans d'une croyance qui n'est pas
satisfaite par huit siècles de durée et qui entend reculer dans le plus fabu-
leux des âges une dévotion dont l'antiquité balancerait le concours ?
   M. E. L. les a réfutés de la plus piquante façon, en rapprochant ce
qu'ont écrit à ce sujet les auteurs qui s'en sont occupés. Après examen,
il ne s'en trouve pas deux d'accord et la variété des opinions en démontre
le peu de sérieux. Au dire des uns, l'édifice est contemporain de la chute
des derniers portiques de Trajan, en 840 ; d'autres assurent qu'il existait
déjà sous Charlemagneet queLeidrade le répara. Les plus inventifs, trai-
tant avec le même sans-gêne l'étymologie et l'art de vérifier les dates,
remontent droit au règne de Constantin et substituent l'oratoire chrétien
à un temple de Vénus dont personne n'a entendu parler sur la mon-
tagne. D'arguments à ces diverses hypothèses n'en cherchez pas; c'est
le propre de ces sortes de traditions, prétendues dévotes, d'avoir traversé
de longs siècles, sans laisser la moindre trace, et d'apparaître tout à coup,
en contradiction avec tout ce qu'on sait, mais appuyées de leur seul nom
qu'il doit suffire d'entendre pour s'incliner.
   Le privilège officiel, rédigé par l'archevêque et ses chanoines, écarte
toutes ces baroques suppositions. A qui s'en tient au contenu de cet
important diplôme, Fourvière n'a pas d'autre fondateur qu'Olivier de
Chavannes. Quand il mourut et qu'il fit à son œuvre les magnifiques
donations énumérées dans VObituaire de Saint-Jean, la construction de
la chapelle et d'une maison pour les prêtres, appelés à la desservir, était
achevée ; mais l'organisation restait à régler. Jean de Bellesme en prit
le soin ; il constitua là-haut un chapitre et une paroisse, il détermina
les droits honorifiques et les revenus de celui-là et traça les limites de
l'étendue de celle-ci.
   Le culte du saint martyr, dont le patronage avait été associé à celui
de la Mère de Dieu, parut pendant assez longtemps l'emporter, au
moins nominativement, dans les actes publics ; mais Notre-Dame
reconquit proniptement son rang avec son prestige, et de plus en plus
nombreux les pèlerins se rendirent à l'autel réservé spécialement à son
honneur et à ses clients. L'élan commença dans le xvi e siècle, surtout
après les guerres de religion; depuis tout tendit à l'accroître. Il ne fut