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                  LA VERRERIE DE ROANNE                   371

Rien ne manquerait à celuy de la verrerie de Roanne du
côté de la scituation du lieu qui ne peut être plus favorable
pour le transport des marchandises par la Loire, ny du côté
des matières qui sont parfaites, suivant le raport una-
nime des ouvriers. Si cette manufacture souffre une déca-
dence qui fait envisager une chute prochaine, ce n'est
point la faute de ceux qui ont fait les fonds, ils ne sont
que trop malheureux de les avpir fait pour des gens qui
ont mis le trouble et la division dans une société qui
devoit rouler sur leur expérience et leur travail. Le sieur
Bigot de Clairbois, homme dit-on mal famé et au nom
duquel est accordé le privilège, a depuis longtemps projeté
la chutte de cet établissement dans la vue, sans doute,
d'en former un nouveau avec des gens complices de son
complot; il n'est point de mauvais procédés qu'il n'ait
mis en usage pour ruiner de jeunes gens qui ont trop
compté sur son expérience et trop peu étudié son carac-
thère avant de prendre avec luy des engagements ; les pots
pour la cuite des matières qui sont la baze de cet établis-
sement ont été faits de sa main, d'une terre prise à Ambert
qui y est parfaitement propre. Les premiers ont duré pen-
dant trante jours etplus, avantles projets de ce gentilhomme,
mais, depuis son mauvais dessein, ils n'ont soutenu les cuites
que trois ou quatre fois par les matières étrangères qu'il
avoit la malice d'introduire dans la paste pour les faire
casser. Voilà au vrai ce qui a donné lieu au dérangement
de cette manufacture qui seroit bonne et fructueuse si le
travail se faisoit sans fraude ny prévarication. Les jeunes
gens qui ont vu leurs fonds consumés se sont pourvus
devant vous et au Conseil pour faire exclure de leur société
ce Clairbois et je crois que c'est le meilleur party qu'ils
ayent pu prendre, mais en attendant la décision ils se sont