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                       MOLIERE A LYON                        337

Françoise Pascal, « fille lyonnoise », ainsi qu'elle se qualifie.
Son père faisait partie des gardes du maréchal de Villeroy.
Françoise Pascal est l'auteur de deux tragédies-comédies :
Agathonphile et Endymion, et de deux comédies: Y Amoureux
extravagant et le Vieillard amoureux. Les méchantes langues
insinuaient qu'elle ne les avaient point écrites toute seule.
Pernetti rapporte ce bruit, tout en prenant la défense de la
poétesse. N'est-il pas permis de supposer que Molière, s'il a
joué ces œuvres, y a fait quelques retouches ?
   La correspondance de Molière aurait pu jeter un peu de
lueur sur tous ces points, demeurés obscurs comme tant
d'autres dans la vie du poète. Mais l'on sait que lettres et
autographes de sa main sont d'une excessive rareté, sans que
ses biographes aient réussi à bien démontrer les causes de
la disparition à peu près complète de ces documents.
   Du reste, maître Poquelin s'est-il jamais dépensé beau-
coup en exercices épistolaires, et cet homme à figure énig-
matique s'est-il jamais livré dans ses écrits intimes?
   A défaut d'allusions, dans ses œuvres, à la ville de Lyon
et aux habitants, on aurait plaisir à dégager quelle influence
a pu exercer sur son génie un contact prolongé avec le
milieu lyonnais; car il est impossible qu'une nature aussi
réflexe n'en ait ressenti aucune action — ou bien il faudrait
supposer qu'à l'exemple de tant d'étrangers, Molière a tra-
versé Lyon sans le voir.
   Mais, d'une part, à la fin du xvn e siècle, le mouvement
qui dominera le xvm e commence à se faire sentir : ongéné-
ralise les idées et les expressions. Les pièces de Racine ne
sont, pour ainsi dire, d'aucun temps et d'aucun lieu; la
plupart des pièces de Molière participent du même esprit.
On a dit des auteurs de ce temps qu'ils n'avaient jamais
regardé la mer ni vu passer un nuage.