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LES LYONNAIS AU COLLEGE DE JUILLY 287 études de son fils qu'il trouvait « trop longues pour sa des- « tinée », et qu'il contrôlait, du reste, « avec la plus grande « rigueur. » Sur sa demande, le P. Sauvage confiait l'en- fant à un répétiteur particulier, un septuagénaire aux allures un peu étranges, revêtu de l'habit ecclésiastique, mais n'ayant reçu aucune ordination, qu'on appelait « l'abbé « Girardin », et qui gagnait sa retraite en surveillant l'étude des minimes. « Il avait grande influence sur nos messieurs « par les histoires fantastiques de brigands, qu'il savait « conter à vous faire frémir. » Mieux que personne, en effet, l'abbé Girardin était capable de narrer ces terribles histoires, « qui avaient jusqu'ici tramé « sa propre existence. » Quel ne fut pas Fétonnement de notre jeune compatriote, lorsque, le 22 août 1722, Villars, arrivant pour présider les prix, ouvrit brusquement la porte de l'étude, et embrassa son vieil ami devant tous les enfants ? Ce vieil ami était le fameux Falbas, l'ancien faux- monnayeur, celui qui, un jour, en Alsace, avait sauvé la vie au maréchal. Par pitié et par reconnaissance, Villars était allé trouver Louis XIV à Versailles. Le grand roi était au déclin de son règne; ses coffres étaient vides; l'ennemi menaçait la France de toutes parts. « Sire, voici quinze cent « mille livres, mais signez-moi le pardon du coupable qui « paye sa grâce aussi généreusement. » — « Son nom ? » — « Impossible, Sire. » — La grâce était signée. Falbas, à son tour sauvé, avait obtenu de ses anciens maîtres la faveur de passer ses derniers jours et de mourir près d'eux (1). L'abbé Girardin fit si bien que François, admis le 9 novem- bre 1721 en sixième sous le P. de Romans, recevait en jan- vier le livre des Rudiments, la méthode latine de Juilly, traduisait (1) Il mourait en novembre 1722, et était remplacé par l'abbé Nicart.