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LES LYONNAIS AU COLLÈGE DE JUILLY 187 « tu deviens poète, tu ne seras pas seul, ni par conséquent « le premier de ta famille, car tu as des oncles et des cou- c e sins qui s'accordent ce passe-temps dans leurs rares mo- « ments de loisir. Je t'engage à n'en user jamais que de « cette façon. « Puisque tu es plein de la franchise que je réclame d'un « fils, j'autorise, mon cher Guillaume, le T.R. P. Supérieur « à te passer en trois fois 50 livres. Mais je t'engage à être « plus habi le encore en économie qu'en l'art de la Muse légère. « J'attends le bulletin pour savoir si tu vas mériter la « récompense promise. Songe, mon cher enfant, que d'ici « peu tu dois faire céans un grand personnage, et que si « alors tu ne sais rien, il ne sera plus temps d'apprendre « parce que tu devras t'occuper de choses autres. « Crois celui qui se dit le plus affectionné des pères. » La récompense promise était l'autorisation d'aller passer les vacances en Lorraine auprès de « l'abbé de Salles, ami et « copréfecturé ». Languedoc, maréchal-vétérinaire, déclara Kadiska capable d'exécuter le voyage; Manceau, le sellier, fournit une sangle de cuir, un licou (3 livres), un mords garni de bossettes dorées (5 livres), une housse bleue (2 livres 10 sols), et Guillaume partit seul pour Nancy le 3 septembre 1720. Sous ces apparences étranges, se cachait une riche nature. « Guillaume était intelligent, ses reparties étaient promptes. « Sa physionomie belle et fière (1), son caractère toujours « porté à la bonne humeur plaisaient a tous. L'enfant (1) Son portrait fut peint à l'huile (50 livres) en 1718 par M. des Roiers, dont les ateliers étaient installés sur le pont Notre-Dame, et brûlèrent en 1725. Le collège alors fit don à l'artiste de 50 livres pour lui aider à reconstruire sa maison en la rue de la Justienne.