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LES LYONNAIS AU COLLEGE DE JUILLY 21 Il faisait le désespoir de Benoît Crespin ( i ) , le maître d'école de la paroisse, qui venait, chaque jour, lui donner une leçon d'écriture. Jean-Baptiste, l'aîné, était souvent à l'infirmerie pour fièvre, coliques, enfin pour « un hérésipère à la jambe, dont il fallut opérer l'ouverture pour le médicamenter (2). » Bien que maladif, il ne dédaignait pas un bon coup. En février 1677, il fut mis au séquestre pour avoir jeté en cer- tain lieu la montre d'un jeune condisciple, le futur lieutenant- général, duc d'Antin. Pendant l'hiver de 1676, tout Paris était en émoi. Un certain physicien, plus malin que les autres, et cependant nommé Messire Cruche. (3), venait de perfectionner la lan- terne magique du P. Kircher, en y adaptant des verres d'une plus grande puissance. C'était un succès fou. La saison avait été rude et les malades étaient alors fort nombreux au collège. Une distraction valait mieux pour les santés que toutes les « ptisanes » et les petites médecines, que le Frère infirmier administrait avec tant de générosité sous les ordres du chirurgien Delaroche. Le supérieur, le P. de Saint-Denis, attela son carrosse, et alla chercher Messire Cruche. L'artiste, arrivé à Juilly, le lendemain, au soir, donna sa séance dans la salle des actes. Tout alla bien d'abord. On vovait des ( 1 ) La main pour l'écriture coûtait 1 livre 1 o sols, la plume d'oie de la Brye, passée au travers d'un roseau, coupé à trois côtés, 10 sols. (2) Le sieur Delaroche, chirurgien de Dapmartin, traitait les fièvres par les lavements réitérés aux écorces du Pérou, les coliques par les vomitifs, et les hérésipères par les onguents du serpent. (3) Il y avait déjà eu un premier montreur de lanterne, ainsi appelé, en l'année 1515, et dont le nom était resté longtemps célèbre. Voir le Journal d'un bourgeois de Paris sous François Ier.