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286 LES SIRES DE BEAUJEU à commander avec le grand maître des Hospitaliers, à la fameuse bataille de Mont-Cassel. Edouard I " est de beaucoup supérieur à son père au point de vue militaire. Né pour les armes, vaillant entre tous, il avait l'âme d'un héros. Ses hauts faits pendant sa trop courte carrière font présager ce dont il aurait été capable s'il avait eu le temps de régler son courage par l'expérience qu'on acquiert avec l'âge. Monté jeune, à quinze ans, sur le siège seigneurial, il ne s'endormit pas dans le repos; dès l'année suivante il fit sa première campagne dans les terres du Languedoc et de Vienne, sous les ordres de Raoul de Brienne. Un an après il vit mettre à l'épreuve sa fidélité au roi, car celui-ci fit saisir les revenus du Beaujolais, étrange manière de récompenser le dévouement de nos sires! Aubret nous dit que cette mesure fut prise pour satisfaire certains créanciers, ou bien parce qu'Edouard n'avait pas rendu aussitôt hommage. Pauvres raisons! Ces dettes avaient été contractées pour une bonne partie au service du roi, et on aurait pu pardonner ce retard d'hommage à un jeune prince qui, prenant le pouvoir au sortir de l'enfance, n'eut rien de plus à cœur que de marcher à l'ennemi. Toutefois Edouard ne se laissa pas abattre par cette épreuve et sa fidélité n'en fut pas ébranlée. Philippe de Valois, comptant toujours sur son dévouement, lui confia quelques années après la défense de Mortaigne sur l'Escaut, attaqué par le comte de Hainaut. Notre sire n'avait que vingt-quatre ans, mais il ne trompa point la confiance du roi, et «moult sage guerroyeur», il montra que le courage et l'expérience n'attendent pas toujours le nombre des années. Après avoir pris les meilleures dispositions, il se mit dans l'endroit le plus exposé, et là de sa main il jeta dans les fossés douze des assaillants les plus acharnés. Puis, ayant