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870 LE LAC DE PALADRU toriques, une des nombreuses tribus errantes dans la vaste étendue des Gaules se fixa sur les bords du lac de Paladru, vivant des produits de la chasse et de la pêche. Pour se mettre à . l'abri des attaques de ses ennemis et des iiêtes fauves qui peuplaient les forêts, cette tribu bâtit ses habitations sur des pieux plantés dans le lac même, et non loin des rives. Ces pieux servaient de support à un plancher, et sur ce plancher se trouvaient les cabanes. On signale plusieurs de ces stations; mais la plus impor- tante était à Paladru, sur des bas-fonds, où l'on aperçoit encore distinctement la tète des pilotis. Naturellement ces stations ne dépassaient pas la zone blanche. C'est ce que l'on appelle des villages lacustres. Les pilotis sont fixés réguliè- rement à peu de distance les uns des autres. Les tempêtes en détachent de temps à autre», et les poussent vers le ri- vage. Pendant les basses eaux, les pêcheurs en arrachent des quantités considérables; ils amènent dans leurs filets des fragments de poterie et des objets en bronze et en fer, consi- dérés, les uns comme des ornements de toilette, les autres comme des ustensiles de ménage. Ignorant les causes de la présence de ces objets au sein des eaux, les villageois et même des écrivains modernes pré- tendent qu'ils proviennent d'une ville abîmée dans le lac, soit à la suite d'une éruption volcanique ou d'un tremble- ment de terre, soit par les maléfices du diable ou en puni- tion d'une désobéissance à la volonté divine. Les villageois vont même plus loin ; ils affirment aperce- voir, grâce à la limpidité de l'eau, les églises et les maisons de la ville abîmée, et même entendre, certains jours de grande fête, le son des cloches partant des profondeurs du lac Un de ces villageois nous a raconté le fait suivant, qu'il tient comme très-certain et connu de tout le pays. On avait retiré de l'eau une de ces cloches ; on la vendit à un particulier qui la chargea sur sa charrette et l'emporta