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DU 'DROIT DE RELIEF 553 tain que le droit de relief qui s'est perpétué de nos jours sous le nom de droit de mutation par décès, se rattache, par son origine et par sa nature, à une question sociale du plus grand intérêt. Les seigneurs faisaient relever l'héritage en vertu de la maxime : « Nulle terre sans seigneur », mais bientôt nous allons voir la royauté, soutenue parles légistes,chercher à s'adjuger le bénéfice d'un axiome aussi fécond en inap- préciables résultats et à l'assertion hautaine des suzerains les feudistes netarderontpas à répondre par l'affirmation non moins absolue : omnia surit régis. D'après le système des jurisconsultes royaux , la féo- dalité aurait pour origine l'usurpation ou l'appropration de leurs charges par les comtes gouvernant au nom du roi les provinces de l'ancienne Gaule. La possession privée remplaça alors la propriété universelle du souverain et la royauté ne fut plus qu'un vain titre. Il est certain qu'après la lutte longue et acharnée qui commença sous Charles-le-Ohauve et se consomma en 987 par la révolution qui mit un des leurs sur le trône, les descendants des comtes se proclamèrent les maîtres de leurs pagus et y g-ouveraèrent en leur nom, sous la suze- raineté nominale du roi. L'impôt public disparut ; le tri- butum ou census ne fut plus acquitté au trésor royal, mais versé entre les mains des seigneurs. En outre, les rois mérovingiens achevèrent de se dépouiller au moyen des immunités et des constitutions d'honorés et il créèrent de cette façon dans l'Etat une foule de souverainetés indépen- dantes sur le territoire desquelles les agents du roi ne pouvaient pénétrer « pour y rendre des jugements, exi- ger des cautions, lever des amendes prononcées judiciai- rement pour contraventions aux ordonnances royales. » (Voir le diplôme d'immunité accordé, en 632, par le roi