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444 ' LA GUERRE DE SYRIE en route et qu'il se faisait fort de ramener les six mille fellahs plus un. > Le souverain d'Egypte avait d'autant plus lieu de crier à l'ingratitude qu'en 1822, Abdallah, ayant voulu pren- dre Damas pour arrondir son pachalik, avait été battu et n'avait pu détourner la colère de la Porte qu'en présen- tant des excuses appuyées par le vice-roi et en payant une amende de 60,000 bourses, dont il devait encore une partie à son puissant médiateur. Connaissant la promp- titude de résolution de son ennnemi, Abdallah mit Acre en état de défense, appela les Arabes du Liban à son aide et prévint la Porte du danger qui le menaçait. Ce danger était terrible; mais un secours inattendu, plus terrible encore que l'armée égyptienne, étendit sur lui sa protection ; le choléra éclata, couvrant l'Arabie, la Syrie, la Turquie'et bientôt l'Europe de cadavres. En trente-quatrejours, des mois d'août et de septembre 1831, l'Egypte perdit cent cinquante mille habitants. Sur qua- tre-vingts Géorgiennes ou Nubiennes que le vice-roi pos- sédait dans son harem, trente succombèrent; l'armée fut décimée, la consternation était universelle, on ne pouvait rêver conquête, quand la mort frappait incessamment de tous côtés. Le fléau s'arrêta enfin; l'Egypte respira; aussitôt le vindicatif Rouméliote reprit ses projets de vengeance et de conquête; l'armée fut mise sur pied. Six régiments d'infanterie, quatre de cavalerie, quarante pièces de cam- pagne, un plus grand nombre de pièces de siège, force immense, à laquelle rien ne pouvait résister, se concen- trèrent à El-Arich. Pendant que cette armée, suivie d'un nombre immense de chameaux et de transports, se diri- geait a travers le désert et suivait, pas à pas, la même route que trente-deux ans auparavant l'armée française,