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416                    JOANNY DOMER

temps et ses parasites. Et pourtant, quelle merveille que
cette apothéose, animée par le vol des colombes, le jeu des
amours, les chevauchées dans la poussière d'or des cour-
siers hennissants, frères des chevaux nerveux de la frise
des Panathénées !
   M. Edmond Jumel, dans une étude magistrale qu'il fit
du plafond de Bellecour pour le Lyon-Revue, disait : « Il y
a, dans tout l'ensemble de l'œuvre, une séduction si puissante
et la profonde harmonie qui y règne est telle que c'est
comme une mélodie qui chante pour le plus grand bonheur
de l'esprit et des yeux. C'est une fête et il n'y a pas jus-
qu'au souffle de volupté qui se sent dans l'admirable théo-
rie du Soleil, de l'Aurore et des Heures, qui n'ajoute encore
à son radieux éclat. »
   Apollon et Lyon, telles étaient les deux grandes figures
qui éclairaient toute cette composition, traitée par un maî-
tre, en dehors de toute banalité, avec cette pensée gran-
diose du peintre, qui s'empare de la tradition et de la fable
et les courbe en esclaves asservies à son audacieux génie.
Ce sont les grands philosophes, les grandes courtisanes du
monde antique qui saluent le dieu de la Lumière, et se
mêlent aux génies de la Comédie et du Drame, Aristophane,
Eschyle, Tyrtée, Sophocle, Sapho, Velleda, figures gran-
dioses, d'un coloris large et puissant, qui semblent déta-
chées du plafond de la Chapelle Sixtine.
   Vous souvient-il de cette salle immense qui retentit des
chants de triomphe du Roi de Lahore, des cris de guerre
de Michel Strogoff, où Sarah Bernhardt se pâma d'amour et
de haine, où le drame lyrique revécut ses plus beaux jours ?
La superbe figure d'Apollon apparaissait, sous les éclats
des feux électriques, enveloppée dans le rayonnement d'un
soleil éblouissant. Le Roi du Jour et de la Poésie s'aban-