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 à affranchir l'homme du mal ou de la douleur, ou à
rendre un jour inutiles la morale et la vertu. Le progrès
s'arrêtera toujours à l'infranchissable limite des conditions
de la nature humaine. L'homme et le combat moral
de la vie, voilà ce qui ne peut pas changer. La vertu n'est
pas un bien qui puisse se transmettre ni venir du dehors; elle
n'est point un fruit du perfectionnement social. L'homme
doit se la créer lui-même. Le champ de l'épreuve qu'il doit
subir a été et sera toujours le même pour tous depuis le
commencement du monde jusqu'à la fin. Le mérite ne con-
siste en effet que dans la droiture et la pureté de l'intention,
dans l'énergie morale et la somme des efforts faits pour
l'accomplissement du bien. Nul n'a mieux fait ressortir que
notre éminent confrère les caractères du progrès moral qui
est exclusivement individuel, qui n'existe que dans les âmes
et dans les consciences, de telle sorte que toutes les
influences sociales qui facilitent l'exercice de la vertu doivent
être décomptées à son actif. L'idéal stoïque de la force
morale créée par l'individu en lui-même, résume à ses
yeux tout ce qu'il y a de plus vrai dans les théories de la
perfectibilité. Chaque homme ne peut compter que sur lui
seul, sur son énergie propre pour l'acquisition du mérite et
l'élaboration de la vertu. Aussi n'hésite-t-il pas à soutenir,
en combattant sur ce point la doctrine de Caro et de Janet,
que ce progrès moral est tout à fait indépendant du perfec-
tionnement intellectuel, qu'il commence par l'enfant avant
l'âge de raison, et qu'il peut exister aussi bien chez le sau-
vage que chez l'homme le plus civilisé.
   M. Bouillier n'a pas analysé avec moins de profondeur
les conditions du progrès social. Il distingue parmi ses élé-
ments ceux qui sont perfectibles et susceptibles de se trans-
mettre entre les générations, et ceux qui comme le génie