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128 ' FRAXC1SQ.UK BOUILLIKR à affranchir l'homme du mal ou de la douleur, ou à rendre un jour inutiles la morale et la vertu. Le progrès s'arrêtera toujours à l'infranchissable limite des conditions de la nature humaine. L'homme et le combat moral de la vie, voilà ce qui ne peut pas changer. La vertu n'est pas un bien qui puisse se transmettre ni venir du dehors; elle n'est point un fruit du perfectionnement social. L'homme doit se la créer lui-même. Le champ de l'épreuve qu'il doit subir a été et sera toujours le même pour tous depuis le commencement du monde jusqu'à la fin. Le mérite ne con- siste en effet que dans la droiture et la pureté de l'intention, dans l'énergie morale et la somme des efforts faits pour l'accomplissement du bien. Nul n'a mieux fait ressortir que notre éminent confrère les caractères du progrès moral qui est exclusivement individuel, qui n'existe que dans les âmes et dans les consciences, de telle sorte que toutes les influences sociales qui facilitent l'exercice de la vertu doivent être décomptées à son actif. L'idéal stoïque de la force morale créée par l'individu en lui-même, résume à ses yeux tout ce qu'il y a de plus vrai dans les théories de la perfectibilité. Chaque homme ne peut compter que sur lui seul, sur son énergie propre pour l'acquisition du mérite et l'élaboration de la vertu. Aussi n'hésite-t-il pas à soutenir, en combattant sur ce point la doctrine de Caro et de Janet, que ce progrès moral est tout à fait indépendant du perfec- tionnement intellectuel, qu'il commence par l'enfant avant l'âge de raison, et qu'il peut exister aussi bien chez le sau- vage que chez l'homme le plus civilisé. M. Bouillier n'a pas analysé avec moins de profondeur les conditions du progrès social. Il distingue parmi ses élé- ments ceux qui sont perfectibles et susceptibles de se trans- mettre entre les générations, et ceux qui comme le génie