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428                     JOANNY DOMER

rôles et des inscriptions rappelant le sujet du vitrail; puis
encore des anges jouant des violes, des harpes, des cithares,
se mêlant dans un chœur séraphique, sur un fond transpa-
rent dans lequel s'harmonise toute la gamme des roses,
des bleus pâles, des jaunes clairs, des verts tendres et des
ors éclatants. Chaque ange a sa physionomie propre, son
attitude personnelle et cependant tous reflètent cette quié-
tude du bonheur parfait, la sérénité passive dans l'ado-
ration et la prière. Il fallait tout le génie de Domer pour
donner à cette composition le caractère grandiose qui la
caractérise et pour l'arracher aux banalités courantes.
Ses anges sont bien à lui. Abandonnant ces figures du
xvm e siècle, aux ailes de pigeons retombantes, sans reliefs,
sans valeur décorative, il s'est lancé à la suite des primitifs
qui n'ont pour lui aucun secret. C'est Giotto, c'est Mazac-
cio, ce primitif merveilleux, dont la vieille basilique de
Saint-Clément, à Rome, garde de si purs chefs-d'œuvre,
qui l'ont inspiré et guidé, et il a donné à ses anges ces
grandes ailes pennées, élancées, audacieuses, pleines d'envo-
lée et d'art.
   Le Regina Angelorum a fait l'admiration des connaisseurs
et des artistes; si le vitrail a soulevé des critiques, il n'en
reste pas moins une page de grand art et de belle conception.
   Domer est mort laissant seulement des études et une
œuvre inachevée. On a trouvé dans ses cartons le Regina
Martyrum, avec la belle évocation des martyrs lyonnais,
sainte Blandine, saint Irénée, saint Pothin. Au centre de
l'amande, la Vierge tient dans ses mains la couronne
d'épines, symbole de la souffrance et de la glorification.
   C'est ainsi que Domer avait conçu cette magnifique apo-
théose de la Vierge de Fourvière.
   On a tenté depuis de continuer son œuvre; on a conservé