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324                    JOANNY DOMER

accorder une concession à perpétuité, hommage posthume
qui perd tout son mérite par le peu d'empressement qu'on
a mis à le rendre.
   Antoine-Jean Domer avait 63 ans.
   Il était né, montée de la Grande-Côte, 27, le 8 août 1833,
de Charles-Chalier Domer, et de Louise Alboud. Sa mère
qui n'avait jamais quitté le « Plateau », est morte il y a
quelques mois à peine. Son père, un brave canut de la
Croix-Rousse qui avait été caisse roulante au temps du
grand empereur, avait hérité ce prénom bizarre de Chalier
de son père, .révolutionnaire fervent, qui avait en 1793,
comme tant d'autres fanatiques, donné à leurs enfants le
nom de l'ancien cabotin, de l'ignoble représentant de la
Convention qui sema la terreur à Lyon et rêva l'anéantisse-
ment de Commune-Affranchie.
    Chalier Domer, au contraire, avait pris une part active
à la répression du mouvement insurrectionnel des journées
de novembre 1831, comme sous-officier dans l'artillerie de
la Garde nationale, et avait reçu dans ses bras le comman-
dant Demartine du 66e qui tomba mort, le 22 novembre,
frappé de deux coups de feu partis d'une fenêtre de la place
des Bernardines.
    Mais le métier de canut devait avoir pour le jeune
Antoine-Jean Domer peu de charmes ; car il délaissa vite
l'atelier paternel pour travailler comme apprenti chez un
peintre-plâtrier, de l'allée des Images, et plus tard chez
Lacombe et Jourdan qui exerçaient, vers 1850, la même
profession.
   Il entrait dans le domaine de l'art par une porte de ser-
vice, et c'est ainsi, qu'en peignant des enseignes et des pla-
fonds bourgeois, il s'éprit d'un art qu'il devait glorifier
plus tard.