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                          JOANNY DOMER                    417

donnait à ses coursiers, sans brides ni mors, qui, frémissant
de plaisir et d'orgueil, l'emportaient, en hennissant sous les
coups dont les harcelait un petit Génie armé d'une bran-
che de laurier et fièrement campé sur leur croupe hardie.
   Dans un geste plein de noblesse et de puissance, Apollon,
tenant dans sa main gauche une lyre, saluait de la main
droite la Ville de Lyon, inondée de son harmonie et de sa
lumière.
   Les Heures du Jour, Heures roses du matin, entourées
de nuées d'Amours, suivaient le fils de Latone dans sa
course triomphale; les hirondelles en liesse le poursuivaient
et les roses s'éparpillaient, en pluie embaumée, sous ses pas.
Et, précédant cette chevauchée héroïque, l'Aurore, la tête
nimbée de l'Etoile du Matin, toute brillante des blancheurs
de l'aube, se dégageait des étoiles de la nuit et, d'un mou-
vement plein de morbidesse et de grâce, ouvrait au Soleil
l'azur étincelant du ciel.
   Alors commençait à se développer le cortège de la Comé-
die humaine. Ici, une nymphe repousse d'un pied mignon
le satyre lascif; là, Célimène, charmeuse sous son masque
trompeur, se rit des passions humaines, tandis que des
Amours joufflus s'ébattent entre eux, en jetant des fleurs au
travers des masques comiques.
   Voici la Tragédie et le Drame. Ici, le Sphynx, doute et
négation; à ses pieds, un jeune roi tombe frappé d'une
main criminelle, tandis que sa couronne roule dans l'espace.
Là, Melpomène regarde, implacable comme le Destin, une
jeune femme suppliante poursuivie par la Mort. Une Psy-
ché, toute meurtrie, à demi évanouie, est portée par des
Amours vers la belle figure de Lyon et termine ce grand
poëme ; tandis qu'à ses côtés Terpsychore conduit la danse
 des Amours et des Génies qu'anime Eros avec sa double flûte.
   N° 6, — Jui' 1 1900.                                   27