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vivement sentir et que (pour nommer seulement les vétérans de la der-
nière heure) Soulan- et Lapradc avaient tant avancé déjà. Le livre de
Tisseur apporte aujourd'hui à l'œuvre commencée une contribution qui
lui ' fait le plus grand honneur, et une contribution non seulement
pleine de talent, ce qui est beaucoup, assurément, mais pleine aussi
« d'équanimité souriante et de délicate sensibilité morale ( i ) » ce qui
est mieux encore.
   « En feuilletant Panai Paucis, les lecteurs devront se rappeler que l'au-
teur défunt s'v montre avec trois âmes très différentes qu'ils devront
pénétrer et approfondir pour comprendre la grandeur et l'importance de
cette Å“uvre :
  « L'âme d'un poète épris de rythmes chantants et magnifiques ;
  « L'âme d'un philosophe aimant le juste, le pondérable, le sensé, la
paix, la charité, les hommes;
  « L'âme d'un Grec, amoureux de psychologie antique. »
  Dans les Questions de philosophie et d'art, M. de Bouchaud analyse en
un chapitre d'une superbe envolée l'ouvrage de M. de La Sizeranne sur
Ruskin et l'influence de la beauté. Plus loin, c'est un portrait spirituel-
lement crayonné du snob en littérature.
    Vers le passé, nous ramène à la vie sociale du temps de la féodalité.
 C'est une étude historique où l'auteur a apporté beaucoup de clarté et
 de méthode.
   Enfin, nous nous reposons de l'histoire littéraire, de l'esthétique, du
snobisme et de l'érudition par une Semaine aux Voirons, un dernier
chapitre en collaboration avec Mme Cardeline. En ces pages aimables,
la main qui a signé la paisible idylle de l'Erreur â'Hermane se recon-
naît par des descriptions d'une exquise fraîcheur et d'une impression-
nante réalité. Jugez-en, nous sommes au matin, devant le panorama
que l'on découvre des Voirons : « Mardi. — Le lever du jour est d'une
pureté merveilleuse après l'apaisante nuit. En montant de quelques pas
derrière l'hôtel, au sommet du Grand Signal, le Léman s'aperçoit dans
des teintes d'un violet bleu très doux ; la chaîne du Jura détache ses
cimes des brumes qui ceignent leurs flancs de pudeur. Et c'est autour
de la coupe émeraudée du lac sillonné de voiles latines, blanches et
rousses, et de grands vapeurs qui, de là-haut, paraissent minuscules,


  (l) Art et critique, 28 juin 1890, article de M. G. Doncieux.