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AUGUSTE ALLMER 259 Saône, mais l'Euripe de l'amphithéâtre. Ce châtiment brutal, appliqué rigoureusement plus d'une fois, explique les vers célèbres de Juvénal : Palleat ut midis pressit qui calcibus anguent Aut Lugiidunensem rhelor dicturus ad aram. Par contre, la nature de cette fête impliquait à priori, et Allmer l'avait pressenti avant les découvertes de M.Lafon, que les drames sanglants de la persécution des chrétiens n'avaient pu s'accomplir dans l'amphithéâtre des trois Gaules. Il fallait donc chercher sur le coteau de Fourvière, à proxi- mité du théâtre situé dans l'ancien clos des Minimes, le lieu de leur supplice. Le crime des chrétiens était de se refuser à sacrifier au Génie de l'Empereur. Leur Dieu, contraire- ment à tous les autres, ne voulait admettre aucun partage et contre eux il n'était pas besoin de loi spéciale. Allmer l'a très bien compris et montré. Mais il nous semble exagérer lorsqu'il voit dans le socialisme les raisons de la conquête du monde par le christianisme : « Socialisme désirable, néces- saire, attendu, arrivé en son temps, mais qui, ne pouvant songer à briser l'oppression contre laquelle il protestait, ni à réaliser en cette vie ses aspirations, s'emparait de la vie future pour y placer son triomphe...» Par opposition à celui des juifs, « le royaume de Dieu des chrétiens est ouvert a tous les faibles, a tous les humbles, à tous les souffrants, a tous les déshérités sans distinction de nationalité; il n'exclut que les riches ; au sein de la lumière et de la félicité, les élus les voient souffrir, dans un profond lieu de supplices, une torture sans fin. Les riches pour le chrétien, comme les gentils pour le juif sont tous des impurs et des oppresseurs. » (Insc. de Lyon, t. II, p. 212-213.) Le tableau est vigoureux, énergique, mais un peu chargé en couleur. Telle ne nous