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258                      AUGUSTE ALLMER

    Alors s'élève sur le coteau de la Croix-Rousse, en opposi-
tion avec la ville toute romaine qui couronne Fourvière,
le pagus de Condat entièrement gaulois ; territoire apparte-
nant aux soixante cités et régi par un magistrat gaulois.
Allmer l'a fait revivre dans des pages inoubliables avec son
autel gigantesque orné de couronnes de laurier et de chêne,
flanqué de deux énormes colonnes de granit gris, aux cha-
piteaux en granit rose, couronnés de statues colossales et
dorées de la Victoire. L'autel se dressait près de l'église Saint-
Polycarpe actuelle sur l'arête du coteau, visible pour les
mariniers du Rhône et de la Saône, orienté vers Rome et
l'Italie, hommage de la Gaule à l'empereur dieu. Plus bas,
s'élevaient les statues colossales des soixante cités gauloises,
puis les innombrables statues des prêtres de l'autel et des
hauts fonctionnaires de l'Empire. Enfin, un peu plus à l'ouest,
se trouvait l'amphithéâtre, découvert sous le Jardin des
Plantes. Les aqueducs de Cordieu (1) et de Miribel y
amenaient des torrents d'eau qui arrosaient et fertilisaient
d'admirables jardins, limités probablement par le canal
des Terreaux, qui servait de déversoir aux aqueducs.
C'était là que se célébraient les fameux jeux de l'autel,
auxquels Caligula ajouta des concours d'éloquence grecque
et latine. Les vaincus devaient fournir des prix à leur
vainqueur et faire son éloge ; et ceux qui avaient été trop
inférieurs étaient condamnés à effacer avec leur langue
leurs écrits ou à être fustigés et jetés au fleuve. Allmer
fait observer que le fleuve n'était ni le Rhône, ni la



   (1) Insc. de Lyon, t. II, p. 285-286. M. Gabut, auteur d'un savant
mémoire sur Les eaux de I^you sous les Romains, conteste l'existence de
l'aqueduc de Cordieu et semble avoir raison.