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222                          BIBLIOGRAPHIE

   M. de Bouchaud nous montre d'abord Michel-Ange se reposant de
son dur labeur à la chapelle Sixtine, dans cette église Saint-Pierre in
montorio qui s'élève de façon superbe sur la pente escarpée du Janicule.
« Au soir tombant, Rome ressemblait à un grand village perdu au sein
de la plaine et entouré de la campagne qui l'assiégeait de toutes parts.
Au seizième siècle, les seuls bruits qui montassent à la basilique étaient
des rumeurs de nature : bruissement du vent dans les arbres, hennisse-
ment de mules au cou orné des grelots traditionnels, braiements d'ânes,
et, par instants, l'appel lointain des pâtres rentrant leurs troupeaux. »
Et c'était après cette contemplation solitaire que l'artiste, pensif, revenait
dans son atelier, ou se rendait chez cette admirable Vittoria Colonna,
auprès de laquelle il allait puiser l'énergie nécessaire pour continuer son
Å“uvre.
   Michel-Ange, peintre, sculpteur, architecte et poète, « l'homme aux
quatre âmes », selon l'expression de Pindemonte, eut cependant pour
passion de sa vie la sculpture, à laquelle il revint toujours avec joie, tou-
tes les fois que les ordres d'un maître ne l'obligèrent pas à se transfor-
mer en architecte ou en peintre: « Je ne suis moi-même, qu'un ciseau
à la main », disait-il, et il ajoutait, dans un de ses plus remarquables
sonnets :
   Un artiste éminent ne conçoit aucun sujet, qu'un marbre ne puisse
renfermer dans son sein ; mais seule, y parvient la main qui obéit à
l'intelligence.
   Et cependant cet amoureux du ciseau fut, à Rome, constamment
contrarié dans cet amour. Deux fois, sous Jules II d'abord, en 1508,
et sous Paul III, de 1534 à 1541, il fut obligé, par le despotisme de ces
pontifes, à prendre le pinceau en main, pour peindre, pour le premier,
le plafond de la Sixtine, pour le second, le Jugement dernier. M. P. de
Bouchaud, avec un sens d'histoire très sûr, nous raconte ces épisodes
de la vie du grand homme et étudie, dans une première partie de sa
conférence, le sculpteur et le peintre.
   Il nous parle ensuite de cet amour pour Vittoria Colonna, veuve du
marquis de Pescara, poète elle-même et dont l'amour rendit Michel-
Ange poète. « Je ne puis, chante-t-il, détourner mes regards des siens ;
j'y reconnais la lumière qui me guide vers Dieu » ; et il chantait encore :
« La puissance d'un beau visage me transporte vers le ciel, car il n'est
rien, sur la terre, qui pour moi ait autant de charme, et je m'élève,
vivant, parmi les élus, faveur rarement accordée à un mortel ». Un