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FRANCISQUE BOUILLIER 129 et la vertu nous appartiennent en propre et ne peuvent se transmettre. Les premiers sont d'un ordre purement intel- lectuel et ne sont pas par eux-mêmes générateurs de mora- lité et de vertu, bien qu'ils concourent extérieurement au bon ordre et à l'intérêt social. Ils ne peuvent suffire à eux seuls pour opérer et pour maintenir le progrès social, s'il ne s'y joint l'élément moral qui en est le soutien néces- saire et sans lequel aucune société ne peut subsister. L'ins- truction elle-même, si on la sépare de l'éducation peut devenir pernicieuse, aussi bien que le développement de la richesse et de l'industrie. De là l'importance extrême que l'auteur attache à tout ce qui peut relever dans le pays la vie morale, aux croyances religieuses qui en sont la garantie la plus assurée et le seul frein efficace, et aux vertus mili- taires qui en sont la plus éclatante manifestation. Alarmé des dangers qui menacent notre société, il n'hésite pas à s'écrier : « Périssent plutôt bien-être, richesse, arts et indus- trie, s'ils devaient avoir cet effet funeste, cet effet mortel d'affaiblir parmi nous les forces vives de la patrie, d'éner- ver les âmes, les caractères, les sentiments courageux, les vertus militaires ! » « Non seulement, dit-il, il faut garder ces vertus, mais aujourd'hui plus que jamais il faut les mettre au premier rang dans l'éducation et dans toute la vie, à moins d'être résignés à subir spoliation sur spoliation, affront sur affront, à moins d'être résignés à périr. » La for- mation des âmes et des caractères, voilà la grande affaire de notre temps ; le développement de l'instruction ne doit être mis qu'au second rang ; il ne peut être un progrès ou un moyen de salut que s'il a pour but de fortifier tous les nobles sentiments de notre nature et, avant tous les autres, le sentiment du devoir. Admirons, Messieurs, ces fortes doctrines morales, si éloquemment exprimées. Le grand NJ 2. — Février IQCO. Q