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124 FRANCISQUE BOUILL1KR définitifs. Il a élevé à Descartes, au véritable fondateur de la philosophie française, un monument durable, qui loin d'être ébranlé par le temps, n'a fait que grandir. Le grand mouvement spiritualiste du cartésianisme est encore notre foyer de lumière et de vie dans le domaine des sciences philosophiques, et le nom de son historien restera associé à son glorieux souvenir. M. Bouillier a publié, en 1862, une autre œuvre capi- tale qui n'a pas eu moins de succès et de retentissement dans le monde philosophique, son livre D«principevilal cl de Vainc pensante. Il s'y est livré à une grande enquête sur les diverses doctrines psychologiques et physiologiques rela- tives aux rapports de l'âme et de la vie. Il les a soumises à l'épreuve de la méthode expérimentale la plus sévère. Il a ainsi établi cette profonde et forte doctrine de l'animisme ou de l'identité de l'âme et du principe vital, en démontrant qu'elle était seule vérifiée par l'expérience et compatible avec l'unité de la nature humaine. Il a relié à travers les âges l'animisme d'Aristote avec celui de saint Thomas et de Leibnitz, et il en a fait la forte acsise du spiritualisme. L'âme est essentiellement un principe d'activité et de vie ; elle est la cause unique de tous les phénomènes qui s'accom- plissent dans l'homme. Elle est douée d'un pouvoir plasti- que formateur et animateur du corps qui le conserve et le renouvelle après l'avoir construit. C'est elle qui préside à toutes les fonctions vitales aussi bien qu'à celles de la volonté et de l'intelligence, et elle en a également conscience à des degrés divers. Ainsi seulement s'expliquent cette unité de la vie et de la pensée, cette liaison intime, cette corrélation qui existe entre les phénomènes vitaux et les phénomènes volontaires et intellectuels. Cette démonstration a été faite avec une telle puissance de dialectique, une telle vigueur