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                    FRANCISQUE 150UILLIER                     II

concourir pour l'Ecole normale, l'encouragea et le guida
pendant les deux années de préparation au concours. Aussi
avait-il conservé une profonde reconnaissance pour ce maître
vénéré, avec lequel il entretint jusqu'à sa mort les relations
les plus affectueuses. « Je lui dois beaucoup, disait-il, et
« j'ai à cœur de le lui témoigner ».
   L'Ecole normale, où il entra en 1834, était alors installée
dans un vieil édifice, coin abandonné du collège Louis-le-
Grand, entre la rue Saint-Jacques et une ruelle étroite qui
la séparait du Collège de France, à travers laquelle arrivaient
jusqu'aux élèves les bruits, les sifflets, les applaudissements
des cours tumultueux. « Au « milieu de ces ruines, disait
F. Bouillier, j'ai passé trois « bonnes années bien rapidement
écoulées, grâce à nos « études, à d'excellents camarades et à
des maîtres dont nous « étions légitimement fiers. » Ces
maîtres étaient Nisard, Garnier, Damiron, Michelet, Gui-
gnault et surtout Victor Cousin, qui l'ayant remarqué dès
ses débuts à l'Ecole normale, ne cessa de s'intéresser à lui
et eut une si grande influence sur sa destinée. Aussi
F. Bouillier, qui possédait à un si haut point la mémoire
du cœur, ne manquait-il aucune occasion de lui en faire
paraître sa reconnaissance. Ce maître, d'abord et d'accès facile
à tous même au plus petit professeur de province, trouvait
le temps, malgré ses nombreux travaux, d'écrire à tous des
lettres d'encouragement, de direction morale, pédagogique
et philosophique. « Que de lettres, que je conserve pieuse-
« ment, disait-il, ne m'a-t-il pas écrites quand j'étais à Lyon !
« Combien le siècle qui finit a-t-il produit d'écrivains, de
« penseurs, de philosophes qu'on puisse lui comparer? »
   Quant aux camarades, c'étaient le savant helléniste
Pierron, Macé de Lépinay, mort doyen à la Faculté des
Lettres de Grenoble, Joguet, un ami et un camarade de