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10                  FRANCISQUE BOUILLIER

disputait à qui réussirait à remplir un broc ou un seau.
   A Stanislas, le régime était sévère et la vie d'autant plus
dure que le collège était composé de divers bâtiments
séparés les uns des autres par des cours qu'il fallait traverser,
la nuit comme le jour, par la pluie, par le froid et la neige,
pour aller aux lavabos, au réfectoire, au dortoir, à la cha-
pelle. Le lever était à 5 heures, pour tous, petits et grands,
l'hiver comme l'été. A déjeuner, un morceau de pain sec;
on faisait maigre tout le carême et le reste de l'année
deux fois la semaine, mais à Pâques on avait un morceau
de jambon! On accordait une seule sortie par mois, et point
pendant le carême. La propreté laissait beaucoup à désirer.
Il n'y avait de feu nulle part, sauf à la cuisine, l'encre gelait
dans les encriers et l'abondance était remplie de glaçons.
Mais aussi combien les jeux, barres, balle au mur, jeux de
cerceaux, étaient animés ! Quels chauds engagements
dont les maîtres, la soutane bien retroussée, donnaient
l'exemple !
   En 1830, F. Bouillier quitta Stanislas pour aller faire sa
seconde, comme externe, au collège Bourbon. Mais, lors-
que éclatèrent les troubles qui amenèrent la chute de
Charles X, il eut de la peine, en sortant de classe, à rega-
gner le domicile de sa tante, rue de la Paix, à travers la
troupe et les insurgés, luttant devant le Ministère des
affaires értangères. Cette révolution avait fort exalté le
jeune homme et effrayé la tante, qui crut devoir le renvoyer
à sa famille. Il dut alors achever ses études au collège royal
de notre ville, où il eut la bonne fortune d'y avoir pour
professeurs, en rhétorique, M. Mézières, père de l'académi-
cien, et en philosophie, l'abbé Noirot, ce Socrate chrétien,
admirable accoucheur d'esprits. Ce fut ce maître éminent
qui lui inspira le goût pour la philosophie, le poussa Ã