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468            UNE ARRESTATION EN DAOTHIKÉ.

tite escorte avaient tourné la rue, et, effrayés par ce ras-
semblement imprévu et qui leur semblait de mauvais
augure, ils s'étaient arrêtés courts, et délibéraient s'ils de-
vaient prendre la fuite. Il était bien trop taid, assurément,
pour pouvoir y songer, car ils n'étaient qu'à quelques pas
de tout ce monde ; la foule vola en un clin d'œil à leur
rencontre , elle ouvrit ses rangs pour les recevoir, et
s'étant reformée derrière leur cavalcade, chaque monture
 espagnole avait déjà senti son mors s'appesantir de deux
lourdes mains étrangères.
    Cependant, il tie fit dans ce moment un vacarme à bri-
ser les oreilles ; personne ne veut se tenir ni en repos ni en
silence. M. Le Clair crie à ses gendarmes qu'il écarte du
plat de son sabre, les sergents de la milice se servent de
la hampe de leur hallebarde pour lancer des horions à la
 foule; mais cavaliers et populace sont insensibles aux coups
 et bien autrement sourds encore aux bonnes paroles ; la
 canaille, surtout, s'est précipitée sur les prisonniers, elle
 les étreint de ses mille bras, et ses mille poumons vocifè-
 rent : Faut les tuer! faut les tuer! Mort aux espions!
 Mort aux Espagnols ! Mort aux huguenots déguisés !
 car la canaille est de tout temps ainsi faite, elle a horreur
 dès demi-mesures, et quand on arrête, veut égorger. Es-
 sayez de lui donner des raisons et de lui expliquer, par
 exemple, que le peuple espagnol est catholique... Il vint un
 temps cependant, où, à force de ruades de la part des che-
  vaux et de remontrances de leurs cavaliers, les voyageurè
  se trouvèrent débarrassés des malotrus qui s'étaient jetés
  sur leurs personnes ; ils purent mettre le corps hors de leur
 litière et reconnaître qu'ils étaient en sûreté, et qu'on les
  avait tirés à l'écart dans une de ces petites rues d'Embrun
  qui decendent vers la place. Alors ils se rassurèrent un
  peu, et le silence s'étant fait autour d'eux, M. l'aide-major
  s'approcha de M. le duc et lui expliqua quelle faute il
  avait commise en temps de guerre, en traversant la France
  sans un sauf-conduit, tel que le méritaient son titre et ses