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294 UN AMOUR MALHEUREUX. BERTHE. Votre femme, Raimond ? KAIMOND. Oh ! je n'ai pas tout dit. Voulant le premier jour captiver votre esprit, Je me dis orphelin, sans appui sur la terre ! Vous me pardonnerez, Berthe ; j'avais un père, Mais il est dur. Jamais un regard de pitié Ne me laisse entrevoir un soupçon d'amitié. Aujourd'hui m'appelant : — Tu sais combien je t'aime ; De chez un vieil ami j'arrive à l'instant même ; De sa fille pour toi j'ai demandé la main, M'a-t-il dit ; j'ai promis, tu l'épouses.... demain. — Demain? jamais, mon père.— Alors, crains ma puissance, Je suis ton père ; épouse ou fuis de ma présence. Il l'a dit. J'ai le choix, je ne puis obéir; On m'attend, tout est prêt ; Berthe, je vais m'enfuir. Ce soir, à son courroux je saurai me soustraire ; Je vais porter mes pas sur la terre étrangère ; Mon père me repousse? Eh! bien qu'il soit ainsi. Dans un pays lointain voulez-vous fuir aussi ? Voulez-vous partager ma mauvaise fortune? Votre vie et la mienne alors n'en feraient qu'une ! Et nous serons ensemble ! et vous serez à moi ! Et je me trouverai bien plus heureux qu'un roi. Être libre! être seul avec celle qu'on aime, Ah! le comprenez-vous? c'est le bonheur suprême! Je reviendrai bientôt.... Vous ne répondez pas? Berthe! vous soupirez? Ah! vous suivrez mes pas! Ne rétractez jamais cet aveu qui m'enivre! Berthe! c'est près de vous, pour vous que je veux vivre. Ne vous éloignez pas, je reviens en ces lieux ; Berthe, pour un instant, recevez mes adieux.... 0 bonheur!