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272 LES BEAUX-ARTS A LYON. curés (1) et aux conseils de fabrique, chez lesquels nos artistes ont trouvé le sentiment artistique uni au zèle reli- gieux ; sans ce concours, à quoi eût servi à Pollet, à Flachéron et à M. Benoît leur conviction ? L'architecture, qui reflète toujours les mœurs, ne pouvait au milieu d'une société inquiète, dominée par le désir des jouissances, n'ayant des croyances fermes ni en politique, ni en religion, trouver un type architectonique, un art monumental fortement caractérisé. Elle fait de l'éclec- tisme. Aussi nulle part ne trouve-t-on, pendant cette pre- mière moitié du dix-neuvième siècle, une œuvre originale dans les constructions civiles. Au début du siècle, nous pouvons citer les façades de Bellecour (2) comme rappe- lant, par l'élévation et l'étendue des appartements, les belles constructions du dix-huitième siècle. Mais combien sont rares, parmi les maisons, qui se sont tant multipliées depuis la Restauration, celles qui réalisent les vraies con- ditions de l'art de bâtir ! Ne nous en prenons pas aux architectes , ils ont même, reconnaissons-le, montré une grande invention et une grande souplesse de talent à réaliser ce que les spéculateurs leur ont demandé : faire tenir le plus grand nombre d'appartements, sans trop sacrifier un certain confortable, dans un espace déter- miné. Dès qu'on leur en donne l'occasion, ils prouvent qu'ils possèdent une science vraie et solide (3). (1) M. Boue qui a fait restaurer l'église de Saint-Just et l'église d'Àinay, était un archéologue de grand mérite. (2) Elles ont été faites sur les dessins de Tibière ; nous en repar- lerons en écrivant la biographie de cet artiste. (3) Ainsi M. Richard a fait construire, rue d'Algérie, une maison excessivement ornée dont la façade rappelle les noms des illustra- tions lyonnaises : M. Dupasquier fut l'architecte chargé d'exécuter la pensée de notre célèbre peintre. H y a dans cette façade de char-